Zidane, il a parlé

Publié le par Philippe Gammaire

Il s'excuse auprès des jeunes mais ne regrette rien.

"Je ne peux pas vous dire que je suis fier de ce geste, mais je ne le regrette pas. Si je devais le regretter, ça voudrait dire que je donne raison à ces mots, et à ce que cette personne m'a dit. Je ne peux pas l'accepter".

Zinedine Zidane s'est exprimé mercredi soir sur Canal+ et TF1 (l'interview de Claire Chazal, c'est ICI), quasiment dans les mêmes termes.

PLUTÔT UNE DROITE QUE CES MOTS-LA

Pour expliquer son coup de tête au "boucher" milanais (c'est le surnom du joueur en Italie) Marco Materazzi, à l'issue de la finale, Zidane assure que les mots ont été "très durs", plus durs que des gestes et  insultent gravement, dit-il, sa mère et sa soeur. "Je suis un homme avant tout. J'aurais préféré me prendre une droite dans la gueule que d'entendre ça" (Canal+).

Le capitaine de l'équipe de France savait qu'il était à quelques minutes de son passage dans l'olympe des joueurs de légende. "Vous croyez qu'à dix minutes de la fin de ma carrière, j'aurai fait ce geste par plaisir ? Bien sûr, mon geste n'est pas pardonnable mais il faut aussi sanctionner le vrai coupable. Et le vrai coupable, c?est celui qui provoque». Un  appel du pied à la FIFA ? Zizou a assuré qu'il se rendra devant la commission de discipline, pour se défendre.

Sur son "côté obscur" (TF1) : "Vous savez, je suis un être humain, personne n'est parfait. parfois on n'est pas fier de ce qui se passe, mais en même temps il faut accepter les choses comme elles sont".

L'ANTIRACISME :

SON NOUVEAU COMBAT ?

A la fin de son entretien avec Claire Chazal, Zinedine Zidane évoque l'antiracisme, les déclarations de fraternité lues par les capitaines d'équipe en quart de finale, la volonté de la FIFA de combattre ce fléau.

Et il relève ensuite les paroles terriblement choquantes d'un responsable politique italien, Roberto Calderoli, ancien ministre de Berlusconi, dont j'avais parlé dans la note précédente. Celui-ci disait, en substance, que l'Italie avait gagné contre une équipe de noirs, d'islamistes et de communistes.

Pour Zidane, ces mots-là, tellement durs, doivent être combattus. Le vrai fléau est là, selon lui. "Un fléau qu'on a tous envie de combattre, sur cette terre parce que ce n'est pas digne". Encore une fois il n'excuse pas son geste, mais replace peut-être la gravité des choses au bon endroit.

Ce qui m'a frappé dans l'entretien sur TF1, c'est l'humanité de Zidane et son humanisme. S'il va au bout de son raisonnement - et Zidane est un "homme de conviction", a rappelé lundi Jacques Chirac - alors il est probable que le champion français consacrera une bonne partie de son temps à la lutte contre le racisme.

L'avenir nous dira s'il en deviendra l'un des porte-drapeaux. Personnellement, je pense que Zidane a un gros potentiel pour. Une autre manière d'entrer dignement dans l'olympe.

(Photo TF1)

 

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LES REACTIONS

 

==> Marco Materazzi a de son côté assuré que ses insultes n'avaient aucun rapport avec celles qui lui ont été attribuées comme "sale terroriste" ou des commentaires peu amènes sur la mère ou la soeur de Zizou. L'Italien assure aussi ne pas avoir parlé à Zidane "de racisme, de religion ou de politique. Qu'est-ce qui reste, alors. Voyons... "P'tite bite ?".

==> La FIFA a annoncé l'ouverture d'une "enquête disciplinaire sur la conduite de Zidane" (c'est d'ailleurs la procédure normale lorsqu'il y a carton rouge).

Son président Sepp Blatter n'a pas exclu que Zidane soit privé de son titre de meilleur joueur de la Coupe du monde 2006. Question : la FIFA peut-elle retirer un prix attribué par... des journalistes ?

 

==> La romancière et poétesse cubaine en exil Zoé Valdes a rendu un vibrant hommage à Zinédine Zidane dans le quotidien espagnol El Mundo paru mercredi. Cette finale, estime-t-elle, a été "marquée par le destin littéraire". Ce fut, selon elle, "une histoire implacable et un drame (...) magnifique dans son déroulement, avec une conséquence humaine, celle du héros redevenant un homme".

"Nous avons pu apprécier une idole dans toute sa fragilité", mais aussi "sa grandeur, son intégrité en tant que personne", souligne Zoé Valdes "


A LIRE AUSSI

 

LA FIFA DANS L'EMBARRAS

Les textes de la FIFA sont formels : l'article 55 du Code disciplinaire prévoit la disqualification d'une équipe en cas de geste discriminatoire. S'il est prouvé un jour que Materazzi a utilisé des paroles racistes devant Zidane, l'Italie pourrait donc perdre sa Coupe du Monde.

MATERAZZI LE BOUCHER : un blog entièrement consacré à ce grand joueur humaniste italien.

 

 

 

Publié dans AUJOURD'HUI

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D
- si tu veux mon maillot je te le donnerai à la fin du match.<br /> -je veux celui de ta soeur ..............et je l'arracherai avec les dents<br /> et voilà une finale perdue, comme dirais le président "merci Zidane"
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S
Merde alors, il sait parler en plus?!
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M
Lancelot faut se reveiller je crois qu'on est deja dans un monde ou c'est la loi du plus fort...<br /> De plus zizou a ete exlu et une enquete de la fifa sera ouverte ca risque de lui couter quelques centaines de milliers de francs suisse...donc la morale est sauve, tout le monde peut peter les plombs mais tout zidane qu'il est il sera sanctionné!<br /> Moi ce qui me choque ce sont tout ces moralisateurs, donneurs de leçons qui pensent que le fançais sont de sombres idiots et qu'ils vont reproduire betement ce qu'a fait zidane, c'est insultant c'est meprisant. ce qui me choque c'est d'entendre que Chirac a felicité Zidane pour ce coup de boule alors qu'il l'a felicité pour l'ensemble de sa carriere et que comme tout le monde zidane a des hauts à des bas<br /> Ce qui me choque c'est que certain journalistes lui font payer le bon parcours des bleus, tellement frustré de ne pas pouvoir s'acharner sur cette equipe
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P
Oui Irène, mais un Schumacher puissance 10 ;-)
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I
Materazzi est bien parti pour rejoindre Schumacher au palmarès des bêtes noires du fans de football français...
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