Sarkozy menacé de poursuites
Dans un communiqué saignant au titre évocateur ("Le délinquant Sarkozy récidive") le syndicat de la magistrature prévient le ministre de l'intérieur : "Dernier avertissement avant poursuites".
Les magistrats dénoncent les propos tenus par Nicolas Sarkozy, lors de sa conférence de presse jeudi, selon lequel certaines décisions de justice du juge des enfants de Bobigny sont trop laxistes.
INDEPENDANCE BAFOUEE
Sarkozy a reproché que pas une seule condamnation n'avait été prononcée dans ce tribunal à la suite des émeutes de novembre. Non seulement c'est faux, selon le président du tribunal, mais le syndicat a saisi le conseil supérieur de la magistrature de cette atteinte à l'indépendance de la justice.
Petit rappel à la loi : (article 434-25 du code pénal). Ce texte punit de six mois d´emprisonnement et de 7 500 euros "le fait de chercher à jeter le discrédit, publiquement, par actes, paroles, écrits ou images de toute nature, sur un acte ou une décision juridictionnelle dans des conditions de nature à porter atteinte à l´autorité de la justice ou à son indépendance...".
Le Canard Enchaîné avait déjà relevé, dans sa dernière édition, les propos de Sarkozy tenus lors du conseil des ministres, sur le même sujet : il faut remettre de l'ordre (!) dans tout celà en changeant le président du tribunal".
UN PRINCIPE CONSTITUTIONNEL
En disant celà, le ministre de l'Intérieur va loin : il veut battre en brêche le principe constitutionnel de séparation des pouvoirs qui fonde la démocratie. Ni plus ni moins. Inquiétant, tout de même, de la part d'un chef de parti républicain. Nicolas Sarkozy rêve-t-il du retour à l'absolutisme ?
En attendant, le syndicat de la magistrature ne laissera plus passer les dérapages verbaux du (toujours virtuel) candidat à l'Elysée. Et prévient qu'il saisira la cour de justice de la République, si nécessaire. Décidément, la campagne présidentielle s'annonce musclée sur le terrain sécuritaire.