Joël de Rosnay : "l'homo numericus est un mutant"

Publié le par Philippe Gammaire

De g. à d. Francis Balle, Joël de Rosnay et Pascal Josèphe

(Photo Joël Ronez)

Le Monde Citoyen

J'ai la faiblesse de tenir Joel de Rosnay pour un des grands esprits de notre temps (je ne suis pas le seul apparemment).

En ces temps de révolution numérique parfois déconcertante et d'incertitudes sur l'avenir, ce scientifique nous trace des lignes de perspective vers le futur.

Moment exaltant pour l'esprit, j'ai eu la chance de l'écouter - avec beaucoup d'autres conférenciers - la semaine passée aux "Rencontres médias et proximité", à Biarritz.

L'ESSOR DE L'INTERNET MOBILE

Que va-t-il se passer dans les mois, les années qui viennent ? L'internet mobile, nous dit De Rosnay, va prendre un formidable essor grâce au wifi, aux systèmes GPS et avec la TV sur mobiles.

Nos téléphones portables deviendront des outils multi-usages : clés, télécommandes, cartes de crédit, scanners et même souris d'ordinateurs. La reconnaissance à la voix, à l'oeil, au geste vont également s'imposer.

Pour Joël de Rosnay, "l'homo numericus est un mutant" (thème de cete conférence). Pas un mutant génétique, mais un mutant à travers les technologies qu'il développe : télé-vision (vision à distance), télé-phonie (écoute à distance) sont des extensions de nos sens de plus en plus sophistiqués. Ils transforment considérablement notre rapport au monde.

Les objets eux-mêmes (équipés de puces électroniques) deviendront "intelligents" et communiqueront entre eux, s'échangeront des informations sur notre vie quotidienne, nos déplacements, etc. C'est la révolution des objets.

Il y a une vision orwellienne dans cette description du monde qui nous attend. L'internet - comme toute chose au fond - comporte également, selon de Rosnay, une face sombre : traçabilité, piratages, virus informatiques, censure, désinformation vont se poursuivre et s'amplifier.

AUX ARMES PRONETAIRES

"Il faut que les gens prennent conscience des dangers et débordements possibles", déclare le scientifique. "Réveillons-nous ! Au printemps prochain il y aura 1,5 milliard d'internautes sur la planète".

Il veut croire, pour tempérer ces débordements, à ce qu'il appelle la "co-régulation citoyenne". Mais comment la co-régulation va-t-elle gérer le problème ?

Selon lui les citoyens inventent à travers le net une nouvelle démocratie de la communication. Ceux qu'il appelle les "pronétaires" prennent le pouvoir dans de nombreux domaines culturels, économiques, médiatiques, politiques ou scientifiques. Des mass medias (TV, radios, journaux) nous sommes en train de passer aux medias des masses. Et dans cet environnement de plus en plus complexe, avec tous les risques d'info-pollution qu'il génère, Joël de Rosnay croit en l'auto-régulation, ou encore en la symbiose entre l'homme et les machines, qui va aller croissante et de manière de plus en plus complexe.

 

 

Autant de notions impossibles à développer ici, pour lesquelles je préfère vous renvoyer à ses ouvrages de référence : l'homme symbiotique, la révolte du pronétariat (disponible en libre téléchargement sur le net) et d'autres encore.

Une dernière chose. De Rosnay s'est rendu en voisin aux rencontres de Biarritz, où il demeure pour les vacances. Depuis toujours, c'est un surfeur émérite. Un vrai, je veux dire. Un de ceux qui défient les vagues de l'Atlantique. De quoi favoriser mon absence d'esprit critique...

 

 

Publié dans ACTUALITE DU WEB

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
P
@ Andres : oui, j'avais entendu parler d'EPIC, je viens de le voir pour la première fois grâce à vous. Chez nous (en France), le journal 20 minutes a lancé une série de videos d'actu-fiction sur son site internety au début de l'été. Elles s'inspiraient d'Epic justement. j'en avais parlé ici : http://www.universmedias.com/article-2986300.html
Répondre
A
Ou l'essor technologique nous conduira-t-il: vers un avenir utopique ou dystopique ? À ce stade, on ne peut  que spéculer ! Sauf qu'en attendant on peut aussi  s'amuser à extrapoler; avez-vous vu Epic 2014 :  http://idorosen.com/mirrors/robinsloan.com/epic/ Un must quant à moi  !!!AMR
Répondre
P
@ Jacques : "Pour ce qui est de phil et de de rosnay... bon ils ont fumé leur pet c'est évident  ;-)"<br /> Je dément formellement, ;-)))
Répondre
J
Non filaplomb je ne suis pas d'accord (enfin je crois... si je vous ai bien compris) Sur le net francophone il y a des dizaines, des centaines de gens non-journalistes capables de faire des billets, des articles brillants, documentés tendant à l'objectivité... Des blogs de grandes qualité, généralistes ou spécialisés il y en pléthore...Mais Agoravox n' attire pas beaucoup ces "bons faiseurs", c'est le moins que je puisse dire. Et si j'avais du temps et du talent, je ne crois pas que j'aurais beeaucoup envie de publier sur Agoravox quant je vois la qualité plus que contestabe de nombre de rédacteurs "agréés" par Agoravox.Phil le fait, sans doute pour obtenir plus de visibilité ce que je comprends... mais d'un autre côté.... Mainteant il suffirait qu'Agoravox se montre plus sévère, accepte moins d'articles, ne prvilégiant que ceux qui sont correctement rédigé (et il n'y a pas besoin d'avoir fait des études de journalisme pour cela) et ayant un réel contenu informatif et/ou de débat.Il y a combiend de temps qu'il y a des écoles de journalisme ? Avant les gens se formaient su le terrain en commençant par "les chiens écrasés"... Internet est un terrain d'où des "plusmes" émergent... c'est certain
Répondre
F
Après un article intéressant sur les médias de masses, on remarque qu'Agora Vox ne controle pas assez ses rédacteurs !Tu la vois la contradiction ?Si les rédacteurs sont médiocres, dans l'univers des Masses Médias, c'est la faute à Agora.Mais maintenant, c'est juste la faute aux rédacteurs.C'est justement le problème, la limite : là où il y avait une vraie formation de journaliste, une vraie culture de l'écrit, de la synthèse, on aura un tas d'articles de "reaction" sans analyse. Ou d'analyse de surface. Un journalisme de surface en quelque sorte.Il y a un danger, à nous de le contourner…D'autre part, cette vision du tout-numérique est vraiment une vision du "Nord", une vision d'homme blanc. Je doute que l'Afrique dont le problème d'accès à l'eau n'est pas résolu rêve comme nous de Médias de masse !Mias c'est une belle vision.Penser à relire Jacques Elul !!! :-)))
Répondre