Harry Roselmack, joker de sarkozy ?
Harry Roselmack sera le premier journaliste noir à présenter un journal de 20 h sur une chaîne de télévision française. On dit bravo, enfin, applaudissements. Il aura certes fallu que les banlieues brûlent, mais bon...
Et puis en y regardant de plus près, on peut s'apercevoir qu'il y a une bonne dose de cynisme et de démagogie derrière cette annonce. L'événement me paraît emblématique des rapports de connivence qu'entretiennent avec le pouvoir les grands médias télévisuels français, et TF1 en particulier.
Pas de mise en cause, ici, du talent du "nominé" dont on dit qu'il "crève l'écran". Simplement le contexte éclaire d'un autre jour sa nomination. Daniel Schneidermann en parle d'ailleurs très bien, dans ses décryptages de l'édition du 10 mars de Libération ("Du côté des hommes-troncs").
L'annonce du recrutement d'un journaliste d'origine martiniquaise, faite la veille du voyage de Nicolas Sarkozy en... Martinique tient du merveilleux conte de fées. Une aubaine pour le ministre de l'Intérieur.
D'autant que l'on découvre par de soi-disant "fuites" que Nicolas Sarkozy a appris la nouvelle de cette nomination au président de l'association Averroès, dès le 17 février. L'association Averroès, présidée par Amirouche Laïdi, milite pour promouvoir la diversité dans les medias et Harry Roselmack en est membre. Une association très proche de l'UMP.
A travers ces "fuites", donc, le message subliminal semble en quelque sorte indiquer que Sarkozy n'est pas étranger (si je puis dire) à cette nomination. C'est Martin Bouygues, patron de TF1 et ami personnel qui lui aurait annoncé. Nicolas Sarkozy aime à faire savoir qu'il tire les ficelles, un peu comme dans l'affaire Elkabbach tout récemment (mais pour d'autres raisons).
Reste à Harry Roselmack à faire preuve d'indépendance d'esprit dans son futur travail au "20 h" estival de TF1. Un peu comme le journaliste antillais Serge Gilé, qui n'a pas hésité à parler avec Sarkozy des sujets qui fâchent. C'était au journal du soir de RFO Martinique, le 10 mars (à la 28e minute, très exactement). L'équivalent antillais du 20 heures métropolitain.