Darfour : comment intervenir ?
A première vue, il n'est guère "politiquement correct" de s'interroger sur le bien-fondé d'une intervention de la communauté internationale au Darfour : la situation dans cette région du Soudan est dramatique et qualifiée par Kofi Annan d' "enfer sur terre".
300.000 morts depuis trois ans, près de trois millions de réfugiés et déplacés.
Les exactions des milices Janjawids - alliées au gouvernement du Soudan - qui sévissent au Darfour sont qualifiées de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité par l'ONU.
Depuis 2003, les tribus africaines noires du Darfour s'opposent aux tribus arabisées (les Janjawids) et s'entredéchirent dans une guerre civile, entre musulmans.
L'enjeu : la redistribution des richesses du sous-sol de cette région (eau et pétrole).
Le régime de Karthoum, incapable de résoudre le problème, instrumentalise les Janjawids pour mater la rébellion des tribus noires.
Une dimension ethnique et raciste domine le conflit, depuis que le gouvernement de Karthoum a théorisé le concept d'infériorité des populations noires, par rapport aux arabes. Le terme de "nègre" a été remis en circulation.
De quoi susciter, bien sûr, l'indignation et la colère.
Dans ce contexte l'association Sauver le Darfour, présidée par Mahor Chiche, milite en France pour faire reconnaître le caractère génocidaire des crimes commis au Darfour. L'association réclame également le déploiement d'une force internationale de protection des civils du Darfour en passant outre le consentement du régime « a-démocratique » de Khartoum.
Dans un manifeste paru dans Le Figaro du 22/12, elle va même plus loin :
"Pour arrêter l'épuration ethnique au Darfour, il n'y a plus d'autre voie que d'écarter le régime islamiste soudanais du pouvoir."
Pour SLD, " Seule cette intervention permettra de prévenir ou de réagir, contre les
attaques sur les populations civiles du Darfour et de protéger les travailleurs
humanitaires afin qu'ils remplissent leurs missions en toute sécurité".
Il faut préciser qu'une "force internationale", ce n'est ni l'ONU, ni l'Organisation de l'Union africaine... mais un contingent militaire issu d'une coalition telle que celle déployée en Irak.
Reste que des voix discordantes se font entendre sur les méthodes à employer pour faire cesser la guerre civile au Darfour.
Pour l'anthropologue Michel Agier, la mobilisation de SLD, "sous l'apparence consensuelle et humaniste des discours humanitaire et démocratique, vise à formater l'opinion publique en faveur d'une intervention policière "sans frontières (...)".
Selon lui, "il y a là un air de déjà vu qui fait penser à l'instauration d'une nouvelle modalité de guerre, dans la logique de la police mondiale que les interventions en Afghanistan (avec l'Onu) et en Irak (sans l'Onu mais avec une "coalition énergique" autour des Etats-unis) ont inauguré. On sait quels chaos cela a produit... Veut-on recommencer ?"
De même, Rony Braumann, ancien président de Médecins sans frontières, s'interroge dans le magazine "Alternatives internationales" : "Que faire pour sauver le Darfour ?"
Entre le tout-militaire et la contemplation passive du désastre, un espace d’action existe. A condition de garder à l’esprit que personne ne pourra se substituer aux intéressés pour établir les conditions d’un compromis acceptable permettant l’arrêt des violences".
300.000 morts depuis trois ans, près de trois millions de réfugiés et déplacés.
Les exactions des milices Janjawids - alliées au gouvernement du Soudan - qui sévissent au Darfour sont qualifiées de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité par l'ONU.
Depuis 2003, les tribus africaines noires du Darfour s'opposent aux tribus arabisées (les Janjawids) et s'entredéchirent dans une guerre civile, entre musulmans.
L'enjeu : la redistribution des richesses du sous-sol de cette région (eau et pétrole).
Le régime de Karthoum, incapable de résoudre le problème, instrumentalise les Janjawids pour mater la rébellion des tribus noires.
Une dimension ethnique et raciste domine le conflit, depuis que le gouvernement de Karthoum a théorisé le concept d'infériorité des populations noires, par rapport aux arabes. Le terme de "nègre" a été remis en circulation.
De quoi susciter, bien sûr, l'indignation et la colère.
Dans ce contexte l'association Sauver le Darfour, présidée par Mahor Chiche, milite en France pour faire reconnaître le caractère génocidaire des crimes commis au Darfour. L'association réclame également le déploiement d'une force internationale de protection des civils du Darfour en passant outre le consentement du régime « a-démocratique » de Khartoum.
Dans un manifeste paru dans Le Figaro du 22/12, elle va même plus loin :
"Pour arrêter l'épuration ethnique au Darfour, il n'y a plus d'autre voie que d'écarter le régime islamiste soudanais du pouvoir."
Pour SLD, " Seule cette intervention permettra de prévenir ou de réagir, contre les
attaques sur les populations civiles du Darfour et de protéger les travailleurs
humanitaires afin qu'ils remplissent leurs missions en toute sécurité".
Il faut préciser qu'une "force internationale", ce n'est ni l'ONU, ni l'Organisation de l'Union africaine... mais un contingent militaire issu d'une coalition telle que celle déployée en Irak.
VOIX DISCORDANTES
Reste que des voix discordantes se font entendre sur les méthodes à employer pour faire cesser la guerre civile au Darfour.
Pour l'anthropologue Michel Agier, la mobilisation de SLD, "sous l'apparence consensuelle et humaniste des discours humanitaire et démocratique, vise à formater l'opinion publique en faveur d'une intervention policière "sans frontières (...)".
Selon lui, "il y a là un air de déjà vu qui fait penser à l'instauration d'une nouvelle modalité de guerre, dans la logique de la police mondiale que les interventions en Afghanistan (avec l'Onu) et en Irak (sans l'Onu mais avec une "coalition énergique" autour des Etats-unis) ont inauguré. On sait quels chaos cela a produit... Veut-on recommencer ?"
De même, Rony Braumann, ancien président de Médecins sans frontières, s'interroge dans le magazine "Alternatives internationales" : "Que faire pour sauver le Darfour ?"
D'abord son constat : "Personne ne peut imaginer sérieusement qu'un contingent de l'ONU puisse imposer par la force sa présence au Darfour. Les Casques bleus se trouveraient immédiatement en butte aux attaques et aux provocations de nombreux groupes armés (...), le remède serait rapidement pire que le mal".
"l'ère des missions pacificatrices-civilisatrices est révolue, les expériences de ces dernières années en Somalie, en Afghanistan et en Irak ont clairement démontré l'impuissance de la force dans de telles situations", souligne-t-il.
Entre le tout-militaire et la contemplation passive du désastre, un espace d’action existe. A condition de garder à l’esprit que personne ne pourra se substituer aux intéressés pour établir les conditions d’un compromis acceptable permettant l’arrêt des violences".