"Crise dans les medias" et controverse Houellebecq

Publié le par Philippe Gammaire

Le blog d'Eric Mainville n'a jamais aussi bien porté son nom : "Crise dans les medias". Mercredi 9 août, son auteur publie ce qu'on appelle dans le jargon un scoop : Michel Houellebecq quitterait Fayard (l'une des filiales du groupe Hachette), c'est ce qu'il annonce dans un embryon de blog baptisé "Mourir II" en signant un texte dont le titre ressemble à son auteur : "Sensible diminution de l'espérance".

Jusque là tout va bien. Eric Mainville transmet son info au magazine Pointblog, qui la publie en citant sa source à savoir "Crise dans les medias". De son côté, Eric suit l'affaire et publie régulièrement des mises à jour sur son blog. Il a en effet pris toutes les précautions d'usage, n'étant pas certain que l'auteur de "Mourir II" soit bien Houellebecq.

 

Eric Mainville

Il faut dire que Houellebecq n'y va pas avec le dos de la cuillère puisqu'il annonce qu'il va quitter le groupe Hachette.

Extrait :

"(...) Le second assassin s’est manifesté plus récemment, et m’a porté cette fois un coup qui pourrait bien être mortel. Il s’agit d’Arnaud Lagardère.
Il semble aujourd’hui acquis que malgré les promesses formelles, tant écrites qu’orales, d’Arnaud Lagardère, le groupe Hachette ne participera pas au financement du film tiré de “La possibilité d’une île”. Dans ces conditions, il est bien possible que le film ne puisse pas se faire. Il ne s’agit pas cette fois d’une simple piqûre d’amour-propre, épidermique, comme dans le cas de l’insecte Demorpion ; il s’agit d’un coup très dur, et peut-être fatal, asséné en pleine poitrine. Je vacille ; à l’heure actuelle, je vacille.
Bien entendu, j’en tirerai sur le plan contractuel les conséquences prévues - comme je l’ai rappelé, il y a une dizaine de jours, à son secrétariat. C’est à dire que plus aucun de mes livres ne sera publié par une maison d’édition dépendant du groupe Hachette, et ceci dans aucun pays (...)".
Si la source est bonne - et il semble que ce soit le cas - voilà une info qui va faire jaser dans le monde de l'édition, et pas seulement aux abords du café de Flore.
Et voilà que Libération reprend l'information , mais sans citer son origine première à savoir "Crise dans les medias". Simplement une allusion à Pointblog en toute fin d'article.
Puis c'est le quotidien Metro qui rédige une grosse brève : la source est devenue Libé. Le Figaro embraye à son tour mais cite directement le blog de Houellebecq.
Enfin Libération revient ce matin sur "l'affaire" et... confirme l'information initiale avant de donner la parole à Arnaud Molinié, directeur adjoint de la communication du groupe Lagardère, un proche d'Arnaud Lagardère.
Eric Mainville, sur son blog "Crise dans les medias", a donc sorti une information de première main - rappelons que le contrat de Houellebecq avec Fayard (racheté à prix d'or à Flammarion) avait été qualifié en 2004 de contrat du siècle - et s'est retrouvé phagocyté, évacué par la presse "traditionnelle".
Vous avez dit crise dans les medias ?
 

Publié dans ACTUALITE DES BLOGS

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G
Et que dire du blog d'Amélie N ?
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N
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P
@ Les yeux : j'ai lu votre billet sur "Plan B" et l'anonymat des auteurs (sur votre blog evidemment). La volonté apparente de ne pas signaler l'identité des redacteurs (même un pseudo au demeurant) me dérange aussi, mais quoi qu'il en soit, celà n'exonère pas la publication de sa responsabilité en cas de dérapage. En cas de procès, c'est le directeur de la publication qui assumera et uniquement lui puisqu'il n'y a pas de nom de journaliste. A noter que dans le Canard Enchaîné, tous les articles ne sont pas signés non plus...
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L
ce nouveau phénomène de l'utilisation des blogs par les journalistes   est à double tranchant : ils exploitent le fillon en épluchant les blogs, le reconnaissent eux-même,  (je l'avais évoqué là dans un article sur les "journalistes-citoyens": http://lesyeuxouverts.over-blog.net/article-3449283.html) d'avoir des infos en 'scoop' cela ne devrait pas les exonérer de vérifier les sources et de citer leurs sources,  effectivement, question d'éthique...mais bon, là,  on utilise un mot obsolète....du reste on apprend aux futures journlaistes dans les gdes écoles de bosser à partir de papiers déjà écrits, pour leur éviter la perte de temps dans de trop nombreuses lectures d'ouvrages, c'est vous dire....quant  à la mention du nom référent....ou même de l'auteur de l'article, il tendrait à être inutile...comme le pratique le journal  "le plan B".....auquel j'ai aussi consacré un petit billetce en quoi je proteste, au-delà de la reconnaissance qu'espère l'auteur, il est très dangereux de ne plus citer,ni les sources , ni  l'identité du journaliste  : ainsi tout pourrait s'écrire, se dire, sans que rien en soit jamais assumé....(bcp plus important que l'égo  de l'auteur)
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P
@ Alain : connaissez-vous Philippe Gras ? (l'actualité en vers et contre tout) Peut-être un bouquin à faire ensemble, non ??? Sinon, je suis certain qu'il restera toujours des esprits libres pour maintenir une vraie diversité ds opinions et de la pensée. A+
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