Christophe de Ponfilly... et puis tout le reste

Publié le par Philippe Gammaire

PAS ENVIE D'ECRIRE. La nouvelle est tombée comme un coup de massue dimanche matin. Christophe de Ponfilly est mort, il a mis fin à ses jours mardi dernier, le 16 mai.

Dans notre profession, si décriée, quelques uns ont cette démarche quasi-monacale, de s'investir tout entier dans leurs sujets. D'y revenir, des mois, des années durant.

Ponfilly était de ceux-là, cherchant au plus profond avec sa caméra et son carnet de notes la vérité des hommes. Une manière de travailler qui s'accorde mal avec les sujets kleenex des JT, c'est pourquoi il avait créé Interscoop en 1983 avec Frédéric Laffont. Récompensé à de nombreuses reprises pour son documentaire "Massoud l'afghan" (rediffusion sur Arte, jeudi 25 mai), le journaliste également lauréat du prix Albert Londres (1985) avait noué une relation forte avec le résistant surnommé "Le lion du Panjshir".

On glose beaucoup sur la soi-disante objectivité nécessaire à la pratique du métier. Mais c'est souvent - à l'inverse précisément - lorsque l'empathie est forte avec un sujet que naissent les plus beaux reportages.

UNE QUETE DE SOI

En allant vers les autres, c'est toujours une part de soi qu'on l'on recherche. Christophe de Ponfilly l'avait trouvée, sans aucun doute, auprès de Massoud. J'ai lu qu'il avait été "profondément démoralisé" par l'assassinat de Massoud, deux jours avant le 11 septembre 2001... Christophe de Ponfilly mettait actuellement la dernière touche à "L'étoile du soldat", un film de fiction tourné dans le Panjshir : il relate le revirement d'un soldat russe, fait prisonnier, et qui finit par épouser la cause de la résistance afghane. L'empathie, encore.

Coincidence, Christophe de Ponfilly est décédé la même semaine où le jury du prix Albert Londres désignait ses lauréats 2006 : Manon Loizeau (Capa) et Alexis Marant pour le reportage de 52 minutes diffusé sur Arte "La Malédiction de naître fille", ainsi que Delphine Minoui (catégorie presse écrite), pour une série d'articles sur l'Irak et l'Iran publiés dans Le Figaro.
Encore des reporters au long cours : journalisme pas mort. Mais l'humeur est sombre.

CLEARSTREAM : LA PANTALONNADE CONTINUE

D'autant que pendant ce temps-là, l'affaire Clearstream continue. Cette pantalonnade d'Etat commence à devenir insupportable : alors que le "corbeau Gergorin" est parti s'aérer à Londres (on croa rêver) une révélation tombe quasiment au quotidien (décidément, les notes de Rondot..). Et Robert Badinter n'en peut plus : "Il est grand temps de supprimer le pseudo secret de l'instruction", clame l'ancien garde des sceaux.

Mieux. Imad Lahoud, l'informaticien soupçonné d'être l'auteur des faux listings de Clearstream, affirme ne pas connaître le premier ministre, alors que sa femme est membre du cabinet du ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy. Et aussi la fille ainée de François Heilbronner, l?un des conseillers personnel et ami de longue date de Chirac. Et quoi ? Rien. Villepin nie l'évidence : non il ne connaît pas Imad Lahoud. Ce qui importe ? Les député godillots ont certes traîné des pieds la semaine dernière, mais ils ont rejeté la motion de censure présentée par le PS et l'UDF. Chirac peut partir tranquillement au Brésil : Clearstream, ça lui en touche une sans bouger l'autre.

 

Publié dans L'HUMEUR DU JOUR

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P
Jean-Phi : Tu es déçu par la PQR, comme je te comprend. Peut-être devrais-tu te tourner vers d'autres supports de la presse écrite... (je sais, c'est facile à dire et tu y as déjà pensé). Quoi qu'il en soit, ton travail de terrain mérite qu'on s'y attarde. Il faut du cran pour partir comme tu le fais et nous ramener les témoignages de ces bénévoles de l'humanitaire. Courage !
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P
@Olivier : oui, j'ai pensé la même chose concernant les points communs (à l'exception du foot, je te l'accorde). A te lire...
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P
@ Matou : merci pour ce commentaire qui éclaire encore un peu plus la personnalité humaniste de Christophe de Ponfilly. Tu dois être bien triste. Je pense aussi à sa famille...
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P
Merci à toi Stephane.
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O
Décidément, on a un certain nombre de points communs... Merci pour le lien.
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