Avis de concentration sur la presse écrite
Grosse concentration dans les medias papiers français, ces temps-ci. Hersant (France-Antilles), Lignac (L'Est républicain, les DNA) et le Crédit Mutuel (centre-Est europe) rachètent la branche rhône-alpine du groupe Socpresse.
Dans le panier il y a notamment Le Progrès de Lyon, Le Dauphiné libéré, le Bien public, le journal de Saone-et-Loire + des hebdos locaux, des télévisions locales. Les journalistes de "L'Alsace" (dont l'actionnaire principal est le Crédit mutuel) doivent s'interroger sérieusement sur leur avenir : les "synergies" avec les DNA sont fortement envisagées. Elles aboutissent en général, sinon à des fermetures d'agence (mais l'avenir le dira), du moins à des rationalisations dans les services plus généraux des rédactions (pourquoi conserver deux desks d'infos générales ? deux desks Economie, etc), ainsi qu'au marketing, à la pub et dans les services administratifs (contrôle de gestion, services généraux). Je ne parle pas des métiers dits du Livre, qui ont de gros soucis à se faire (regroupement des moyens de production, modernisation tous azimuts et évolution rapide des métiers).
L'Est Républicain et le Crédit Mutuel et Hersant contrôleront toute la façade Est du pays, à l'exception notoire du Républicain lorrain qui reste indépendant. Lignac, propriétaire de l'Est Répu. explique dans Libération que l'heure est aux regroupements massifs.
Certes, car cela attire les annonceurs (mieux vaut avoir un million de lecteurs que 100.000), et gonfle les tarifs publicitaires. Des annonceurs qui, au passage, peuvent difficilement ne plus passer par ces énormes conglomérats.
Mais quid des lecteurs ? Car, au fond ils achètent les journaux pour leur contenu rédactionnel. Si celui-ci s'uniformise, pourquoi ne se tourneraient-ils pas vers d'autres medias ? Ils le font déjà au demeurant et la PQR est en chûte (plus ou moins libre selon les titres) chaque année... La plupart des patrons de presse écrite, aujourd'hui, gèrent le déclin comme ils peuvent, sans proposer véritablement de solutions alternatives. En ont-ils ? Après eux, le déluge...
Nota bene : Sur la menace réelle à la liberté d'opinion des journalistes, les synergies et autres "modernisations sociales", lire l'excellent article du SNJ